Procrastiner pour mieux régner
PRODUCTIVITÉ
Christian Généreux


Maxime, tu le connais déjà. C’est ce gars structuré, réfléchi, allumé, toujours prêt à prendre les devants. Mais un mardi matin, il s’est réveillé avec une to-do list digne d’une facture de pharmacie CVS. Tu sais, le genre de liste qui descend jusqu’au plancher. Sauf que ce matin-là, il ne s’est pas précipité dans l’action. Non. Il a tout arrêté. Courriels, meetings, textos : off. Il est juste… parti marcher.
Pas pour résoudre un problème. Pas pour réfléchir à une stratégie. Juste pour s’éloigner du bruit. Et c’est dans ce silence qu’un drôle de phénomène s’est produit : des idées ont émergé. Des vraies. Claires. Précieuses. Comme une vision nouvelle pour sa formation. Un pivot à envisager pour son modèle d’affaires. Une conversation importante qu’il reportait depuis trop longtemps. Maxime n’avait rien « fait », et pourtant, il avançait. En profondeur.
Et si notre tendance à procrastiner n’était pas un défaut… mais un signal?
Souvent, on juge la procrastination comme un échec personnel. On pense qu’on manque de volonté, qu’on est paresseux. Mais si on écoutait plutôt ce que notre corps essaie de nous dire? Si cette tâche qu’on évite, ce projet qu’on repousse, ce fichier qu’on rouvre jamais… n’était pas le vrai problème?
Peut-être que ce n’est pas le bon moment. Peut-être que ce n’est pas à toi de le faire. Ou peut-être, simplement, que tu n’as plus l’énergie pour ça… parce que ton système est à sec.
Et quand on force malgré tout, on avance à vide. On pousse… mais sans direction. Alors que parfois, reculer d’un pas, ralentir, respirer… c’est exactement ce qu’il faut pour retrouver sa clarté.
Mais comment transformer cette « pause » en levier?
D’abord, en prenant des pauses intentionnelles. Pas en scrollant TikTok par automatisme. En créant un vrai espace. En marchant sans objectif. En respirant. En écrivant. En observant ce qui bloque. Ensuite, en intégrant du temps blanc dans ton horaire. Du vide stratégique. Pas du temps perdu, du temps fertile. Celui qui permet le recul, la vision, l’ajustement. Et surtout, en cultivant une posture d’observation bienveillante : pourquoi je bloque là-dessus? Suis-je fatigué? Est-ce que cette tâche est vraiment la mienne? Est-ce que je suis encore aligné?
La procrastination peut devenir une boussole. Encore faut-il cesser de la juger.
Et puis, il y a cette autre raison, plus insidieuse, qui t’empêche souvent de déléguer : tu confonds exécution et importance. Tu penses que ta valeur repose sur ce que tu fais. Sur les cases que tu coches. Sur les actions concrètes que tu poses chaque jour. Comme si faire équivalait à être utile.
Mais est-ce vraiment là que se trouve ta plus grande contribution?
Et si ta vraie valeur résidait ailleurs? Dans ta capacité à guider, à voir loin, à penser la vision d’ensemble. Dans ton habileté à créer des connexions, à prendre des décisions stratégiques, à mobiliser ton équipe autour d’un sens clair. Peut-être que ton rôle, ce n’est pas de tout faire. C’est de tenir le cap.
Déléguer, ce n’est pas perdre en importance. C’est reconnaître que ton impact ne dépend pas du nombre de courriels que tu réponds, mais de la direction que tu donnes.
Alors oui, parfois procrastiner, c’est exactement ce qu’il faut pour sortir du pilotage automatique et revenir à ce qui compte vraiment. C’est pas un aveu d’échec. C’est une preuve de lucidité.
Et toi… c’est quand la dernière fois que t’as pris le temps de ne rien faire?
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